top of page

Europe : un nouvel Ellis Island ?

      Voici quelques années que les migrants arrivent en masse dans nos pays, fuyant la guerre. De tous genres, tous âges et toutes professions, ils quittent leur maison ravagées avec pour seul bagage leur espoir d'une vie meilleure. La situation fait polémique. Ironique, puisqu'il y a deux siècles, les migrants c'étaient nous. Ou plutôt nos ancêtres...

     Revenons au début du XXe siècle. Ellis Island, île aux abords de New York, utilisée depuis une dizaine d'années, accueille alors de nombreux migrants venus de toute l'Europe. C'est là que descendent les passagers de troisième classe, ceux qui, entassés dans la cale, dormaient les uns contre les autres.

Comme il est écrit dans le journal de John Mitchell, dernier directeur de l'île, "on parle toutes les langues ici. C'est une nouvelle Babel, mais tronquée, arasée, arrêtée dans son élan et fixée au sol."  En effet, tous les pays se retrouvaient en ce point de passage avec pour rêve ce "Nouveau Monde": "Tous les mondes se croisent et America et le seul mot qu'ils possèdent en commun". Devant cette barrière de la langue, les immigrants se regroupaient en communautés fermées: ils vivaient dans les mêmes quartiers, exerçaient les mêmes métiers...

L'une des plus connues reste la tristement célèbre Little Italy, fief de la mafia new-yorkaise.

     Nous avons pu retrouver plusieurs portraits de migrants qui ont marqué Elis Island:

  -Giòrgy Kovács accompagné de son épouse Esther, écrivain hongrois exilé, interdit d'entrée sur le territoire américain étant signalé comme intellectuel communiste. Ils décidèrent finalement de s'installer au Brésil. Il est d'ailleurs cité par John Mitchell lorsque ce dernier omit les accents sur son nom: "Nous n'avons plus rien monsieur, [...]. Faut-il encore que vous nous priviez des accents sur notre nom?"

  -Arne Peterssen, marin norvégien et dernier migrant à passer par Ellis Island. Il avait demandé la nationalité américaine après un combat contre un officier. Roux, taciturne mais loyal et compétent, il finit par être accepté sur le territoire américain en novembre 1954. On entendit plus jamais parler de lui.

     Peut-être faut-il, pour appréhender les migrations actuelles, comprendre les raisons qui ont poussé nos ancêtres à tout abandonner pour partir à la conquête du Nouveau Monde. Peut-être pas pour les mêmes raisons, peut-être pas au même endroit mais avec le même espoir: celui d'un jour meilleur.

bottom of page